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Emelbay

Les couturières

13 Octobre 2010 , Rédigé par EMELBAY Publié dans #Poupées Corolle

SDC10967.JPGSDC10961.JPGSDC10944.JPGSDC11061.JPGSDC11060.JPGSDC11059.JPGSDC11058.JPGSDC11057.JPGSDC11056.JPGIl  y a très longtemps que j’avais envie d’écrire un petit article sur les couturières.

Mais pas n’importe quelles couturières !

Je ne vais pas vous faire un reportage sur la fashion week  qui se déroule actuellement à  Paris. Rassurez-vous !  La haute couture, je n’y connais rien et cela ne m’intéresse pas.

Non, je voudrais rendre hommage (oui, parfaitement !) aux petits doigts agiles du quotidien qui habillent  …. les poupées et bien évidemment,  leurs poupées avec beaucoup de talent et de savoir-faire.

Je pense tout particulièrement à ma chère Elyzée et à  « ma p’tite Valentine à moi »,  plus connue sous le nom d’Aline.

Il y a deux « petites portes », en bas à droite de mon blog, qui ouvrent directement sur leurs blogs respectifs où vous pourrez admirer leurs créations.  Vous verrez, elles sont tout-à-fait remarquables et dignes d’être présentées dans les meilleures boutiques de prêt-à-porter pour poupées élégantes.

Je suis d’autant plus admirative du travail de ces couturières que mes compétences à moi se limitent  à recoudre un bouton.

Lorsque j’étais enfant, j’ai découvert un jour qu’en enroulant un morceau de tissu sous les bras d’une poupée et qu’en le faisant tenir par un élastique, on obtenait une « sorte » de robe, qu’en faisant un trou au milieu d’un mouchoir ou d’un bout d’étoffe carré, on découvrait  un poncho… J’étais émerveillée et assez fière de mes créations.

Ma mère, nullement impressionnée par mes exploits, m’a déclaré d’un ton qui n’admettait pas la réplique, que la couture était un don. Ce don, elle ne le possédait pas et moi non plus ! Sa sœur en avait hérité, mais pas nous.

En revanche, ma mère tricotait très bien. Elle me faisait des pulls, des gilets superbes.  Les maîtresses d’école étaient souvent en admiration devant mes tenues. Mais moi, je n’aimais pas le contact de la laine.  Cela me grattait horriblement et je refusais de porter les vêtements tricotés, au grand désespoir de ma mère qui me les mettait de force. Bien sûr, je portais des sous-vêtements en coton. Mais ils ne suffisaient pas à me protéger. Comme j’ai pu être malheureuse dans ces vêtements de laine. Depuis, en toute saison, je ne porte que du coton J

 

Ma mère a tricoté beaucoup de vêtements pour mes poupées : des robes, des bonnets, des salopettes …. Mais je savais que ces vêtements grattaient mes poupées et je ne les aimais pas.

J’aurais voulu des habits en tissu multicolore, avec des petites fleurs, des nounours et surtout du vichy bleu ciel ou rose.  J’adorais ce tissu lorsque j’étais enfant et  je l’aime toujours.

J’aurais voulu des robes légères avec des volants, des jupes à frou-frou …

Difficile de réaliser ce genre de choses au tricot !!

Les années ont passé et ma mère ne s’était pas trompée :  j’étais nulle en couture.

J’en ai eu la confirmation au collège en classe de 4ème.

J’étais dans une école privée catholique dirigée de façon très droite et très ferme par des religieuses en robe sombre.

Durant cette année de quatrième, il avait été décidé que l’éducation des jeunes filles, futures épouses et mères, passerait à nouveau par les cours de couture. Le français, les mathématiques, l’anglais … ne sauraient suffire à faire de nous des ménagères accomplies. Il fallait revenir aux principes d’autrefois : une bonne épouse devait savoir coudre !

Cette histoire se passait en 1974-1975, une époque où les femmes commençaient sérieusement à prendre leur destin en main et à sortir de leur cuisine.

Pour mes amies et moi, c’était surtout une aubaine pour s’amuser, faire le cirque et quitter pendant une heure notre salle de classe, les équations, les dissertations et les cours de latin.

Ces cours de couture devaient avoir lieu dans les classes spécialement équipées des élèves qui préparaient un B.E.P. ou un C.A.P. de couture et qui se  trouvaient dans une autre aile de l’école.

SDC11051.JPGCes salles de classe ressemblaient à de petits ateliers de confection. Les bureaux étaient remplacés par des machines à coudre.

Une religieuse que je ne connaissais pas, devait assurer ces cours. J’ai rencontré beaucoup de sœurs dans mes années collège et lycée : des grandes, des petites, des … pas gentilles, des … carrément méchantes. Mais cette religieuse-là était la bonté et la gentillesse même. Je me rappelle d’une petite personne un peu ronde, souriante et « gentiment » dans son monde à elle. Elle  voyait  le bien partout. Elle était innocente, optimiste, confiante. Elle n’entendait pas les moqueries des élèves pas plus qu’elle ne faisait attention à leurs sourires ironiques.

En entrant dans cette salle de couture et en apercevant toutes les machines à coudre, j’ai su immédiatement que j’allais avoir des problèmes. Je m’étais déjà essayée sur la machine de ma mère. Je n’avais fait que des bêtises.

Afin de calmer mes inquiétudes, je me disais en m’asseyant devant une machine que j’allais enfin apprendre  les bases de la couture, que quelqu’un allait m’enseigner le maniement d’une machine, que ma maladresse ne pouvait venir que du fait que je n’avais jamais rien appris en matière de couture et que cette précieuse science allait enfin m’être révélée.

Moins de trente minutes après, les paroles de ma mère me revenaient à l’esprit : la couture est un don que tu n’as pas. Et elle avait raison !

Mes premiers pas en cours de couture furent une horreur : le ciseau avait glissé sur le patron, le tissu était coupé de travers, le fil était sorti de l’aiguille, puis il s’était emmêlé dans la machine, mon pied était trop lourd sur la pédale, la machine avait filé à toute vitesse, l’aiguille était sortie du tissu qui lui-même avait quitté sa place ! Une catastrophe absolue.

Adieu veaux, vaches, cochons ou plutôt jupes, chemisiers ou robes.

Heureusement que le prêt-à-porter existait et que la quête d’un mari n’était pas une de mes priorités en classe de 4ème !!

A la fin du cours, mon sort était jeté : je détestais la couture, les machines à coudre et je détestais les filles qui avaient réussi à dompter la bête !

Le premier travail que nous devions réaliser était un bavoir pour bébé. Il devait être fait en coton rose et entouré de biais rouge. Il s’agissait d’un modèle qui devait nous permettre un jour de travailler le tissu éponge. Enfin pas moi, les autres !

Ma meilleure amie à l’époque s’appelait Sabine et se débrouillait très bien avec la machine à coudre. Mes déboires la faisaient mourir de rire et elle s’amusait à compter le nombre d’allers-retours du professeur entre ma machine et le bureau !

La sœur de Sabine était justement élève en classe de C.A.P. couture. Elle était très gentille et je m’entendais bien avec elle. Un jour, je suis allée la voir pour lui demander si elle acceptait de faire mon bavoir. Je ne visais pas la bonne note (la couture n’était pas vraiment  notée), mais la paix, la fin de la guerre entre la machine et moi.

Fabienne a accepté. La confection d’un petit bavoir avec un biais était un jeu d’enfant pour elle. Lorsqu’il a fallu réaliser, un peu plus tard, un drap + une taie d’oreiller pour bébé, j’ai encore eu recours à elle.

Je n’ai plus jamais ennuyé la gentille religieuse avec ma machine à coudre, le travail était fait correctement pour son plus grand plaisir et, heureusement, elle ne s’est jamais posée la question de savoir par qui.

J’ai gardé ces petits travaux de couture. Ils font partie de mes souvenirs d’école et je les regarde toujours avec tendresse.

LA COUTURE EST UN DON QUE JE NE POSSEDE PAS. C’est comme ça !

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Pour illustrer mon histoire, je vais vous présenter les réalisations d’une couturière qui habite dans les Alpes de Haute-Provence du côté de Forcalquier.  Elle a beaucoup de talent et ses robes de poupées sont très belles et d’une finition parfaite.

Elle n’a pas d’ordinateur et ne pourra pas voir les photos. Mais elle sait et elle a accepté que je me serve de ses réalisations pour donner vie à mon récit.

Merci Marylène et à bientôt sous le doux soleil de Provence.

Merci Elyzée et Valentine pour votre amitié et bravo pour vos talents de couturière.

 

 SDC11052.JPG

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M
<br /> Ton histoire est très belle et montre comment des paroles peuvent se transformer en prédiction un peu maléfique. Elizée a raison...Mais c'est vrai que tu brodes des mots sur du papier (ou sur<br /> l'ordinateur) et que cette broderie là est aussi belle que sur du tissu!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> bravo à ces petites mains de fée!<br /> j'ai beaucoup aimé te lire ,tu n'es peut être pas douée pour la couture mais tu as un autre don<br /> jeanne83<br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Oh, merci Jeanne : cela me touche beaucoup.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Voilà un bien bel article (encore) et un joli hommage à des personnes aux dons bien particulier ! pour moi qui suis aussi nulle en couture, j'apprécie aussi de voir de si belles réalisations !<br /> <br /> <br />
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É
<br /> Merci à toi, Emelbay, pour ce gentil article qui rend hommage aux "petites mains" des poupées ! Mais pour moi non plus, la couture n'était pas un don inné(voir mon récit concernant les cours de<br /> couture que je dus subir un peu avant toi, au début des années 60). Le goût ( et le don ?) est apparu dans ma vie d'adulte : rien n'est perdu pour toi, garde espoir, quoi qu'en pense ta mère !<br /> ;-)<br /> Gros bisous !<br /> Elizée<br /> <br /> <br />
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